On est tous des petits garçons…

Lu dans Les Echos du 16/08/06, un excellent papier d’hume(o)ur qui a replongés certains dans une nostalgie bien compréhensible, sans qu’il soit nécessaire d’être, en général, un partisan de la lampe à huile et de la marine à voile…

En marge

Heller et l’air du temps qui passe

Etrange comme une marque peut faire remonter des souvenirs avec la même violence qu’une fragrance ! C’était hier, lors d’un déjeuner, dans la quiétude d’août, un convive mentionna les pépins d’Heller, qui serait au bord de la faillite. Heller…. Immédiatement, une odeur de colle revient en mémoire. Car Heller fabrique des maquettes en plastique. D’avion, de bateau, de voiture. Des centaines de pièces dans une boîte en carton qu’il faut d’abord soigneusement détacher de leur armature, puis assembler avec la fameuse colle qui colle pus aux doigts qu’au plastique. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu. Le cockpit tombe par terre, un coup de vent fait s’envoler la feuille où était préparé tout ce qui devait composer la queue de l’avion, l’heure du déjeuner survient à un instant critique. Et plus tard, bien plus tard, une fois l’avion collé tant bien que mal, plutôt mal que bien d’ailleurs, avec des bourrelets de glu partout, il y a le supplice de la décalcomanie. Impossible de centrer la cocarde sur l’aile, et l’étiquette indiquant fièrement le nom de l’appareil s’est déchirée au sortir de la coupelle d’eau. Les acharnés passent ensuite à ‘étape de la peinture. Comment diable faisait Michel, avec ses dizaines de maquettes impeccables décorant les quatre coins de sa chambre ? C’est vrai qu’il était passionné de tout ce qui volait ; la dernière fois qu’on avait eu de ses nouvelles, il y a longtemps déjà, il travaillait chez Eurocopter…
Une marque comme Heller peut-elle être en péril ? Il faut croire que oui. Fin juillet, « les Echos » annonçaient que l’entreprise de Trun, dans l’Orne, avait été mise en redressement judiciaire quelques jours plus tôt. L’information a été reprise dans « Libé » début août, par l’AFP un peu pus tard, puis chez les autres. L’histoire est tristement classique. Soixante-quinze salariés, une gestion apparemment approximative, quelques millions d’euros qui manquent pour faire la soudure d’ici à Noël, la concurrence des pays de l’Est et la sous-traitance en Chine, des petits garçons qui préfèrent avoir la main sur la manette vidéo que les doigts dans la colle. Et voilà comment risque de disparaître une entreprise qui s’est lancée avec la Caravelle et qui propose aujourd’hui aux courageux de monter l’A380 (242 pièces en version Lufthansa, 12 pièces en version paresseuse). La mémoire de l’eau n’existe peut-être pas, mais il y a une mémoire d’Heller !

Jean-Marc VITTORI

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