LA PISTE AEROPORTUAIRE DE TERRE ADELIE
extrait du rapport 1996 de la Cour des Comptes française
La construction d’une piste d’atterrissage en Terre Adélie, envisagée dès l’année 1965 puis entreprise en 1981, visait à la fois, selon ses promoteurs, à souligner la souveraineté française sur cette partie du continent antarctique et à faciliter la desserte et l’activité de la base Dumont d’Urville installée sur l’île des Pétrels.
L’opération, consistant en l’implantation de l’infrastructure sur des îlots proches de la base, a été engagée dans la confusion. La divergence de vues entre le ministère de la recherche, le ministère des départements d’outre-mer et l’association « Expéditions polaires françaises » a entraîné l’absence de toute décision administrative officialisant l’investissement et son financement. Il a fallu, en effet, attendre la fin de l’année 1987 pour que soient définis les modalités d’exécution du projet ainsi que le montant (100 millions de francs, coût global in fine 110 millions) et l’origine des fonds publics à engager. Les travaux, qui constituent à coup sûr une prouesse technique compte tenu de la latitude géographique, se sont ensuite déroulés durant plusieurs campagnes d’été pour s’achever au cours de l’été austral 1993-1994.
Mais dès l’année 1987, un arrêté interministériel classait notamment les colonies de manchots et de pétrels, situées à proximité de la piste, parmi les espèces protégées. De surcroît, les conditions météorologiques compatibles avec la sécurité aérienne imposaient une utilisation de l’équipement entre les mois d’octobre et de janvier, période durant laquelle s’effectue la nidification, particulièrement sensible aux nuisances résultant des atterrissages et décollages. En conséquence, l’effet combiné de ces contraintes réduisait les possibilités d’emploi de cette infrastructure à un mois par an seulement.
En janvier 1994, une tempête a entraîné la destruction partielle de l’ouvrage et l’administration a décidé l’abandon de la piste aéroportuaire de Terre Adélie.
Ainsi, le budget de l’Etat a supporté en pure perte une dépense avoisinant 110 millions de francs. La légèreté qui a marqué la conduite de cette opération est confirmée rétrospectivement par la facilité avec laquelle on semble avoir pris son parti de l’anéantissement de cet ouvrage.